Leu polyphonie vocale est extrêmement élaborée. Le chant à l'unisson est rare. Dans ce domaine, les Pygmées font preuve d'une intelligence et d'une imagination musicales sans pareilles. Cette pratique fait une large place à la variation et procède par mouvements divergents incluant des imitations mélodiques, des improvisations mélismatiques, des motifs obstinés, des pédales ornées, des interjections mi-chantées ou mi-parlées. A l'intérieur de cadres périodiques précisément organisés - fondés sur un nombre constant de pulsations régulières constituant un cycle réitératif - et de structures modales pentatoniques anhémitoniques, les chanteurs bénéficient d'une grande liberté et utilisent des intervalles disjoints sur des ambitus étendus qui peuvent dépasser l'octave. Que ce soit dans les monodies ou les polyphonies, ils recourent fréquemment à la technique du jodel. Ces polyphonies sont intégrées à de multiples manifestations, notamment aux rituels, aux jeux et aux contes. En fait, à chaque circonstance correspond un répertoire spécifique possédant ses caractéristiques propres qui déterminent aussi bien les procédés musicaux mis en oeuvre que les modalités d'exécution.